« Tiens-toi debout et deviens lumière. Car elle arrive, ta lumière, et sur toi se lève la gloire du Seigneur. »
(Ésaïe 60,1)
Le matin de Pâques, une pierre s’ouvre sur l’inattendu. Le Christ sort d’un tombeau scellé par la violence. Il se relève sans bruit. Il porte encore les traces de la croix. Il marche vers ceux qui doutent. Le corps transfiguré entre dans le tissu ordinaire du monde. Ce relèvement donne une direction aux jours. Il fait advenir une vie qui se reçoit et qui se partage.
Le verset d’Ésaïe éclaire ce relèvement. Une voix appelle au milieu de l’effondrement. Elle éveille la mémoire d’une vocation. Elle réveille la capacité d’exister en présence. Le prophète parle à ceux qui n’attendent plus rien. Il les invite à se lever. Il leur désigne un avenir. Il affirme une parole qui donne force à ceux qui l’entendent.
La lumière dont parle le prophète n’est pas un éclat lointain. Elle se rend visible dans les visages qui s’ouvrent.
Elle avance dans les gestes qui soutiennent. Elle traverse les corps fatigués et redonne souffle. Elle s’inscrit dans une parole juste, dans une main tendue, dans un regard posé avec douceur. Cette lumière ne provient pas des hauteurs, elle se lève dans les êtres vivants qui reçoivent une mission de présence. Elle cherche à briller. Elle cherche à persévérer. Elle devient signe à travers ceux qui marchent avec sincérité et confiance.
Ce relèvement prend racine dans la vie quotidienne. Il se manifeste dans les fidélités tenues, les engagements reçus. Il traverse les saisons de la fatigue. Il irrigue les gestes modestes. Il donne une assise à la joie. Il rend
possible l’attention aux plus petits. Il inscrit l’Évangile dans la durée.
Des penseurs ont nommé cette capacité de reprise. Paul Ricœur parle d’une mémoire habitée par le pardon.
Simone Weil affirme la fécondité de l’attention. Hannah Arendt la décrit comme lieu d’initiative et de promesse. Chacun d’eux désigne une puissance de relèvement. Chacun témoigne de la dignité possible. Chacun ouvre un espace pour vivre.
Martin Luther prêche à Wittenberg, en 1533, sur le Symbole des apôtres. Il évoque la descente du Christ aux enfers. Il dit : « Le Christ est descendu aux enfers, non pour y souffrir, mais pour y proclamer sa victoire et libérer les captifs. »
Luther affirmait, proclamait que le Christ entre dans les lieux du désespoir. Il s’y tient. Il y parle. Il agit. Il ouvre un passage pour ceux qui sont enfermés. Il trace une route pour ceux qui sont tombés. Cette parole demeure vivante. Elle rend possible un relèvement sans haine ni violence. Elle oriente une vie sans domination. Elle soutient une foi sans crainte.
La résurrection façonne une manière de vivre. Elle donne une voix à ceux qui ont été dépossédés. Elle restaure ce que le mal et la mort ont dispersé. Elle permet de se tenir debout avec d’autres. Elle invite à servir, à bénir, à transmettre. Elle engage à vivre avec justesse, dans la lumière reçue.
Ce message rejoint chacun, là où il se tient, avec ce qu’il porte. Il s’adresse aux communautés, aux foyers, aux croyants solitaires, aux responsables d’Église, aux passants, aux compagnons d’exil, aux enfants qui regardent, aux anciens qui n’attendent plus rien. Il se confie à chacun, pour être porté avec gravité et avec joie. Il se confie aux Églises, pour être reçu avec fidélité. Il rend possible une présence habitée, dans les jours simples, dans les engagements tenus, dans les liens retrouvés.
Le Christ est vivant. Le Christ appelle. Le Christ précède. Christ est ressuscité. Il est vraiment ressuscité.
Fraternellement,
Laza Nomenjanahary,
L’inspecteur ecclésiastique